Tuesday, May 09, 2006

Il se bat pour son art - Pascal Salon


Article publié par le journal L’express Rodrigues,le Mercredi 26 avril 2006.

PASCAL SALON, SCULPTEUR

Il se bat pour son art

La sculpture, une nouvelle étape dans la vie de l’artiste.

C’est une première dans la carrière de Pascal Salon, sculpteur de Mont-Lubin. Le public découvre en ce moment ses œuvres exposées au siège de l’Alliance française à Pointe-Vénus. Comme pratiquement tous les artistes, Pascal a forgé sa propre personnalité.

Les gestes prouvent que la sculpture est plus qu’une passion pour lui. Il travaille principalement avec du papier mâché. Des scènes de la vie locale. Ou encore des métiers typiquement rodriguais. L’on y trouve des coupeurs de corail, des pêcheurs ou encore un passant. Il rend également hommage à la femme. L’artiste se laisse envoûter par les courbes féminines. “J’aime bien admirer, avec l’œil de l’artiste, les courbes des femmes. Ce sont ces petits détails qui me donnent de l’inspiration.”

La présence féminine est importante dans l’œuvre d’un artiste. C’est son constat. Pour ce qui de personnages rodriguais, il veut, à sa façon, rendre hommage aux métiers qui sont en voie de disparition. Pascal travaille uniquement avec du papier mâché. Il mélange des produits chimiques pour que l’œuvre ne soit pas affectée par des acariens ou d’autres insectes. Le tout est couvert d’une couche de peinture argentée ou dorée. Mais il a ses secrets, qu’il ne dévoilera pas. Les produits finis laissent pantois. Un œil non averti pourrait croire que c’est du bronze.

Un artiste doit gagner sa vie, même s’il est difficile de vivre de l’art à Rodrigues. Quelques-unes de ses sculptures ont déjà été vendues à des touristes ou aux commerçants du coin. Mais il a vraiment galéré avant de pouvoir préparer son exposition. Il a découvert que les portes sont fermées si un artiste n’est pas membre d’une association ou s’il n’est pas proche des politiciens. “Tout est politisé. Je ne suis pas d’accord pour politiser l’art. Un artiste doit être libre dans ses pensées comme dans ses actions.”

Il est allé de boutique en boutique pour distribuer les brochures de son exposition. Quelques jours plus tard, il a eu des maux de tête. Mais il l’a fait pour sa passion et son art.

Il a découvert la sculpture avec du papier mâché alors qu’il était à l’école primaire. Il continuera dans la même voie au collège John Kennedy à Maurice. Pascal développe alors son propre style et se perfectionne peu à peu.

Le sculpteur a pris deux mois pour préparer son exposition. Pour lui, c’est une revanche sur la vie, qui ne l’a jamais gâté. Il était un étudiant plein de rêves dans un des plus grands collèges de Maurice. Mais sa vie a basculé alors qu’il se faisait enregistrer pour les examens du school certificate. Il s’est rendu compte que, légalement, il n’existait pas. Alors, comment avait-il pu prendre part aux examens de fin du cycle primaire ? C’est tout son monde qui s’écroulait. Il a dû arrêter l’école pour entamer des démarches afin d’avoir une identité. Il ne chercha pas à savoir qui avait fauté. L’important, c’était d’avoir une identité.

Cet événement l’a marqué. Mais alors que tous ses rêves s’étaient volatilisés, il lui est resté la sculpture. C’est, quelque part, son identité. Il fera découvrir aux autres de quoi il est capable. Il veut aussi faire découvrir son talent aux Mauriciens. Cette exposition est pour lui une victoire et une nouvelle étape dans sa vie.

Patrick ST PIERRE

1 comment:

Anonymous said...

Oui, j'étais là au lancement des sculptures de Pascal Salon, et j'ai acheté avec bonheur deux de ses oeuvres, une je l'ai laissée à la "case" à Rodrigues et une je l'ai amenée à la "case" en Belgique mon pays, bien sur j'ai été très triste de triste de ce qui s'est passé. Un si sympa gars. J'ai aperçu de vagues immitaions de ses oeuvrs à la foire artisnale , il y a qq jours, ça m'a fait de la peine, mais je cris que chacun doit gagner son pain et tous se copient, dommage!