Artiste versus artiste.
Il y ceux qui savent et qui en disent trop pour soutirer les faveurs d’une institution. Il y a ceux qui ne savent rien et qui disent n’importe quoi. Il y a, enfin, ceux qui ne peuvent rien dire car ils ont peur. Ainsi les Arts Plastiques se sont tout simplement asphyxiés à Rodrigues par la crainte, la peur, l’arrogance et un manque d’humilité. Et pourtant depuis ses débuts, en 1993, à nos jours j’ai la certitude que les Arts Plastiques a sa place dans la société rodriguaise. Mais le statut des artistes plasticiens est actuellement flou. Il y a tiraillement que ce soit au niveau social, politique, spirituel et, le pire, entre les artistes eux-mêmes.
L’Histoire de l’Art regorge de ces gens courageux capables d’entretenir le changement culturel et cultuel. Il semblerait qu’à Rodrigues les choses se passent, comme d’habitude, autrement. L’artiste est tué symboliquement avant même de mourir physiquement. Je souhaiterais ici faire référence à un défunt ami, Pascal SALON, sculpteur, décédé en 2006. L’artiste plasticien est considéré comme un guignol ; un bénévole dont on use et abuse gracieusement et sans vergogne. Et on le lui remerciera ensuite des services rendu à la nation en lui souhaitant bon vent et qu’on espère qu’il vendra ses œuvres avec un sourire narquois. Il y a inévitablement de l’hypocrisie mélangée à de la malhonnêteté. Pourquoi est-ce arrivé ? Est-ce que c’est du laisser allez ou c’est une priorité politique ? Je souhaite mettre en garde les artistes en général sur ce problème qui est en train de se généraliser comme un cancer et qui rend la culture otage d’une bulle de conventions inventés par des personnes extérieur aux Arts au sens large : c'est-à-dire la peinture, la sculpture, le théatre, la musique, la dance entre autre. Cela aura pour conséquence une déformation exacerbée de l’univers déjà instable des Arts Plastiques. Il me semble qu’il y a toute une éducation à refaire à commencer par les artistes eux-mêmes. Il n’y a qu’une minorité qui bénéficie des avantages des institutions. Les autres sont voués à rester tapies dans l’ombre.
Je condamne donc les artistes qui font de la propagande et essayent de dénigrer une forme d’expression artistique par rapport à une autre. Il est évident qu’il y a obstruction à l’échange qui constitue le moteur d’un possible progrès de l’expression et la communication des Arts. Ceux enclins à découvrir la profondeur de son auto-création ne seront que répugnés et auront du dégoût pour une forme d’expression qui aurait pu leur ouvrir des portes plus nobles.
L’institutionnalisation de l’art.
Les artistes plasticiens sont familiers à la notion de « Réappropriation » qui consiste à prendre une œuvre existante et ensuite l’utiliser pour le remanier : le mettre au goût du jour. Certaines institutions culturelles de Rodrigues font de même actuellement. Toutefois, c’est « remanier » au profit de leurs propres intérêts. Cela a pour effet de mettre l’artiste plasticien en arrière plan et de le dénuder de toute appartenance des concepts de ses créations. Une illustration de ce fait est la réappropriation des manifestations artistiques et culturels pour appuyer des soit disant intérêts que ces institutions peuvent accorder aux Arts. Les mots prononcés le jour du lancement officiel sont éloquents mais évidemment manquent de sincérité. Des fois même, il manque tout simplement la présence des soit-disant invités d’honneur. Comment alors peut-on confier nos « enfants » (création) à des arnaqueurs d’intérêt et les laisser spolier nos âmes ?
L’art n’est pas un hasard. Il assume une fonction sociale pas assujettie à une fonction institutionnelle. Les récents événements prouvent l’inéluctabilité de cet assujettissement.
Nous ne pouvons pas ignorer l’aspect contemporain des Arts Plastiques. C’est un fait. Certains prétendront ignorer, pour masquer leurs manques de connaissances du « Fait Artistique ». Mais nous vivons ici et maintenant et pas à l’ère préhistorique.
Ma frustration est évidente. Pour que l’émancipation des Arts Plastiques à Rodrigues soit possible et pas juste qu’un rêve, je ne crois pas que ce soit l’affaire d’une seule personne, mais l’affaire de tout,…d’un peuple. En espérant que ces mots – ce cri de cœur – ne tombent pas dans les oreilles d’un, ou plutôt, devrais-je dire, des sourds ! Anne, ma muse, Anne, ne vois-tu rien venir ?
Jacques Désiré WONG SO