Friday, May 09, 2008

MASA AWARD NIGHT



Article publié le Mercredi 7 mai 2008 dans le journal L'Express Rodrigues.
Une pluie de récompenses - Une première édition très réussie.

La première édition du Masa Award Night qui s’est déroulée dans le cadre enchanteur de l’hôtel Mourouk samedi dernier a connu un franc succès. Pour cette première édition 17 récompenses ont été décernées au cours de la soirée.


Le prix du Meilleur Auteur a été attribué à Bernardin Moutien. Doyal Edouard s’est octroyé le titre du Meilleur Compositeur. Le titre du Meilleur Espoir de la chanson rodriguaise est attribué à Rex Léopold. C’est Vallen Pierre-Louis qui a reçu le titre du Meilleur Editeur. Julie Collet a été récompensée pour sa contribution à la promotion du séga tambour. Le prix du conteur est allé à Rosange André. L’award pour le développement de la musique à Rodrigues a été attribué à Macdonald Farla.

Trois prix à titre posthume ont été décernés à Serge Roussety, Cindy Augustin et Pascal Salon. Tino Samoisy est sacré Meilleur Ségatier. Roy Spéville a été décoré pour sa contribution pour le développement de la musique dans l’hôtellerie.

L’artiste David Félicité a reçu un prix pour le promotion de la peinture rodriguaise. Le doyen de l’accordéon, Ton Douc, a été décoré. Jacques Edouard a été décoré pour sa contribution dans le domaine littéraire.

Le prix spécial du jury a été accordé à Jana Collet. Ben Gontran a été décoré pour sa contribution au folklore de l’île. Marlin Augustin a été nommé ambassadeur de la musique traditionnelle de Rodrigues. Le prix de l’Excellence a été accordé à Marie-Lourdes L’Eveillé.
Joyce JHABEEMISUR

Note:
Ce que cet article ne précise pas c’est qu’il faut être membre de la MASA pour bénéficier de ces titres, au cas contraire les autres artistes existants sont inexistants. Étrange système de motivation pour attirer des clients dans ce groupe.
Néanmoins c’est une initiative louable car la valorisation des artistes locaux en ce moment est assez maigre.

Pour l’émancipation des Arts Plastiques à Rodrigues.

Artiste versus artiste.
Il y ceux qui savent et qui en disent trop pour soutirer les faveurs d’une institution. Il y a ceux qui ne savent rien et qui disent n’importe quoi. Il y a, enfin, ceux qui ne peuvent rien dire car ils ont peur. Ainsi les Arts Plastiques se sont tout simplement asphyxiés à Rodrigues par la crainte, la peur, l’arrogance et un manque d’humilité. Et pourtant depuis ses débuts, en 1993, à nos jours j’ai la certitude que les Arts Plastiques a sa place dans la société rodriguaise. Mais le statut des artistes plasticiens est actuellement flou. Il y a tiraillement que ce soit au niveau social, politique, spirituel et, le pire, entre les artistes eux-mêmes.
L’Histoire de l’Art regorge de ces gens courageux capables d’entretenir le changement culturel et cultuel. Il semblerait qu’à Rodrigues les choses se passent, comme d’habitude, autrement. L’artiste est tué symboliquement avant même de mourir physiquement. Je souhaiterais ici faire référence à un défunt ami, Pascal SALON, sculpteur, décédé en 2006. L’artiste plasticien est considéré comme un guignol ; un bénévole dont on use et abuse gracieusement et sans vergogne. Et on le lui remerciera ensuite des services rendu à la nation en lui souhaitant bon vent et qu’on espère qu’il vendra ses œuvres avec un sourire narquois. Il y a inévitablement de l’hypocrisie mélangée à de la malhonnêteté. Pourquoi est-ce arrivé ? Est-ce que c’est du laisser allez ou c’est une priorité politique ? Je souhaite mettre en garde les artistes en général sur ce problème qui est en train de se généraliser comme un cancer et qui rend la culture otage d’une bulle de conventions inventés par des personnes extérieur aux Arts au sens large : c'est-à-dire la peinture, la sculpture, le théatre, la musique, la dance entre autre. Cela aura pour conséquence une déformation exacerbée de l’univers déjà instable des Arts Plastiques. Il me semble qu’il y a toute une éducation à refaire à commencer par les artistes eux-mêmes. Il n’y a qu’une minorité qui bénéficie des avantages des institutions. Les autres sont voués à rester tapies dans l’ombre.
Je condamne donc les artistes qui font de la propagande et essayent de dénigrer une forme d’expression artistique par rapport à une autre. Il est évident qu’il y a obstruction à l’échange qui constitue le moteur d’un possible progrès de l’expression et la communication des Arts. Ceux enclins à découvrir la profondeur de son auto-création ne seront que répugnés et auront du dégoût pour une forme d’expression qui aurait pu leur ouvrir des portes plus nobles.
L’institutionnalisation de l’art.
Les artistes plasticiens sont familiers à la notion de « Réappropriation » qui consiste à prendre une œuvre existante et ensuite l’utiliser pour le remanier : le mettre au goût du jour. Certaines institutions culturelles de Rodrigues font de même actuellement. Toutefois, c’est « remanier » au profit de leurs propres intérêts. Cela a pour effet de mettre l’artiste plasticien en arrière plan et de le dénuder de toute appartenance des concepts de ses créations. Une illustration de ce fait est la réappropriation des manifestations artistiques et culturels pour appuyer des soit disant intérêts que ces institutions peuvent accorder aux Arts. Les mots prononcés le jour du lancement officiel sont éloquents mais évidemment manquent de sincérité. Des fois même, il manque tout simplement la présence des soit-disant invités d’honneur. Comment alors peut-on confier nos « enfants » (création) à des arnaqueurs d’intérêt et les laisser spolier nos âmes ?
L’art n’est pas un hasard. Il assume une fonction sociale pas assujettie à une fonction institutionnelle. Les récents événements prouvent l’inéluctabilité de cet assujettissement.
Nous ne pouvons pas ignorer l’aspect contemporain des Arts Plastiques. C’est un fait. Certains prétendront ignorer, pour masquer leurs manques de connaissances du « Fait Artistique ». Mais nous vivons ici et maintenant et pas à l’ère préhistorique.
Ma frustration est évidente. Pour que l’émancipation des Arts Plastiques à Rodrigues soit possible et pas juste qu’un rêve, je ne crois pas que ce soit l’affaire d’une seule personne, mais l’affaire de tout,…d’un peuple. En espérant que ces mots – ce cri de cœur – ne tombent pas dans les oreilles d’un, ou plutôt, devrais-je dire, des sourds ! Anne, ma muse, Anne, ne vois-tu rien venir ?
Jacques Désiré WONG SO

Thursday, May 08, 2008

Salon d'été 2008

Title: Rue Ricard
Format: 76 X 50 cm
Medium: Acrylique

Ce tableau à été présenté lors du salon d'été, à l'île Maurice et 2008.
Kot to pe aller?
Mo pe alle rode ene la vie. La vie ici pas facile mais mo essaye tracer kan meme. Mo suppose ki bizin ena ene boucher manzer pou tout dimoune lor sa la terre.
Tracer man!!!!
(Ou est ce que tu vas?
J'essaye de trouver du boulot. la vie ici n'est pas facile mais j'essaye de faire de mon mieux. Je suppose qu'il doit bien y avoir un pain pour chacun sur cette terre.)

Plaine-des-Papayes accueille le 2e Salon d’été


L'Express. Article publié le Dimanche 20 avril 2008.

Une soixante d’œuvres artistiques dûment sélectionnées attend les amateurs d’art à Plaine-des-Papayes, dans le cadre du deuxième Salon d’été. Un millésime inoubliable…

Diversité des différentes écoles et tendances artistiques imprègnent les oeuvres exposées jusqu’au 30 avril au complexe administratif de Plaine-des-Papayes.
Diversité des différentes écoles et tendances artistiques imprègnent les oeuvres exposées jusqu’au 30 avril au complexe administratif de Plaine-des-Papayes.
L’an passé, les responsables de la Galerie d’Art nationale (GAN), Thivynaidoo Pernumal Naiken en tête, donnaient rendez-vous aux amateurs des Beaux-Arts, à la nouvelle galerie municipale de Quatre-Bornes, pour son premier Salon d’été. Un an après, ils nous convient de nouveau, mais cette fois-ci à la Plaine-des-Papayes, après avoir obtenu, à cet effet, la précieuse collaboration du conseil des districts du Nord.

Le vernissage du 2e Salon d’été a eu lieu jeudi après-midi et depuis vendredi, les visiteurs défilent devant la soixante d’œuvres artistiques dûment sélectionnées. L’exposition restera ouverte jusqu’au mercredi 30 avril. Elle a lieu dans le nouveau complexe administratif de Plaine-des-Papayes.


Original et révolutionnaire

La tenue d’une telle exposition, au cœur de nos deux districts nordistes, fournit une occasion privilégiée, aux habitants des Pamplemousses et de Rivière-du-Rempart, de se familiariser avec une partie de ce que notre île Maurice peut produire en matière d’œuvres artistiques. La meilleure façon de féliciter la direction de la GAN, pour sa politique d’ouverture et de démocratisation de l’accès du plus grand nombre à nos potentialités esthétiques, est encore d’encourager le plus de monde possible à se rendre sur place et à prendre le temps d’admirer les œuvres exposées.

Comme son nom l’indique, ce Salon d’été regroupe une soixantaine d’œuvres d’autant d’artistes, dont principalement des peintres. Ils utilisent toutefois un vaste choix de techniques et de matériaux divers. C’est dire que d’une toile à l’autre, le visiteur bascule d’une conception esthétique à une autre. Le fruit du travail et des recherches esthétiques d’un nombre plus limité de sculpteurs, de photographes, de dessinateurs, de graphistes, de scénographes mêmes, serait-on tenté de souligner, ajoute encore à la diversité des différentes écoles et tendances artistiques présentes à cette exposition.

Devant un si vaste échantillon de ce nouvel état des lieux de l’expression artistique à Maurice, le critique d’art ne peut que se limiter à souligner ce qui lui apparaît comme le plus original et peut-être même le plus révolutionnaire dans les différentes démarches manifestées dans le cadre de ce 2e Salon d’été de la GAN. Manifestement, la palme de l’originalité revient au Trou d’Argent du Rodriguais James Castel. Il contraint le contemplateur de son œuvre à observer, vu du ciel, le Trou d’Argent de son île hors temps.


Une résurrection de Modigliani

Ce faisant, il excelle dans la confrontation de la force océanique, la houle océane, persistant, depuis des millénaires, à rogner son île en élargissant sans cesse le bassin nautique, gagné sur la falaise basaltique, ou encore sur le lit de sable d’or ou d’argent, ourlant la rive. Castel donne un nouveau dynamisme esthétique à cette confrontation naturelle. Les embruns, que celle-ci projette, sont faits de puissantes couleurs et nous en mettent plein la vue. Une réussite qui fait plaisir, car elle va au-delà de l’expression visuelle.

L’on ne sait qui du photographe ou du graphiste, nous devons féliciter en la personne de Steeve Dubois. Il nous offre le visage déterminé d’un Mauricien. Laissons à nos experts en communalisme, scientifique ou pas, le soin de déterminer sa race ou encore sa sous-caste. Contentons-nous de l’admirer, ainsi multiplié et émergeant ainsi de nos quatre couleurs nationales, qu’on pourrait presque prendre pour un beau morceau de paltot larkensiel. Cette réussite constitue une belle affiche, vantant notre unité nationale.

Gérard Foy récidive avec ses récupérations géniales de vieilles portes et de vieilles fenêtres, retrouvées dans le trésor de nos chantiers de bois de démolition. Un de nos plus beaux livres d’histoire. Son trait de génie est, cette fois-ci, de retenir, comme par enchantement, ses deux portes en déséquilibre, avec la seule dentelle de deux lambrequins complètement rouillés. Tout le reste est chef-d’œuvre.

Le sculpteur Devanand Bungshee nous invite à porter un regard attentif sur le mystère de tout être humain. Deux masses ovales, sinon ovoïdales, perchées au sommet d’une colonne vertébrale et l’on parvient à une résurrection de Modigliani, nous rappelant que toute réussite artistique est affaire de Transfiguration.

Dev Anand Chooramun vêt de riches oripeaux notre dodo national, également mais joliment transfiguré. Kishore Bodho s’inspire de l’ami Georges (Brassens), en faisant, de quelques pétales séchés de bougainvillea, un cotillon avec ondine faisant trempette, à moins qu’il ne s’agisse d’une nymphe sortant de l’onde.

Jean Yves L’Onflé donne de l’épaisseur à sa nature florale recréée sur toile, en la parsemant de minuscules points blancs. On songe à une plante de pied, emblématiquement réussie, en admirant la sculpture de Dhyaneshwar Dausoa. Des orteils apparents font figure de cierges adorateurs. Le titre We are one nous désoriente en direction des cinq doigts séparés d’une commune main, travaillant si bien à l’accomplissement de tant de chefs-d’œuvre quotidiens et dans tant de secteurs différents. Il y a du Michel-Ange des Esclaves enchaînés dans l’œuvre photographique ou presque de Rikesh Boodhun.

D’autres artistes occupent une place prééminente, au sein de ce 2e Salon d’été, même s’ils ont davantage cherché à se montrer dignes de la réputation qu’ils ont légitimement acquise, au fil des ans, au lieu de chercher à nous surprendre, à nous étonner, bref à nous éblouir davantage.


Promesses et couleurs nationales

C’est du moins ce qui ressort à coup sûr du sous-bois avec rivière de Belle-Isle, Trou-d’Eau-Douce, d’Yves David, de la Clarisse House pleine d’allant de Yeshan Gunnoo, des filaos dénudés de Calodyne essayant de nous protéger d’un ciel bleuté mais flamboyant d’une apocalyptique beauté de Véronique Le Clézio, d’un jardin des Pamplemousses recréé par le coloriste chazalien que demeure Saïd Aniff Hossanee, de l’icône slave des Salines de Tamarin de Jean Claude Baissac, ou encore des visages féminins afro-indiens de Nathalie Périchon

Les amateurs de Beaux Arts seront d’accord pour souligner toutes les promesses contenues dans le Canard sauvage sculpté sur bois de Nehrullah Gungah, dans la Femme porteuse de beauté d’Amrita Auckloo Dyalah, dans les Femmes au champ de Crèvecoeur de Kishan Jagunduth Beejadhur, dans la Rue Ricard, esthétiquement décomposée, de Jacques Désiré Wong So, ou encore dans le ratissage aux couleurs nationales mais finement dessiné de Geeta Mohit-Pusun. Tout cela fait du 2e Salon d’été de Thivynaidoo Pernumal Naiken, à Plaine-des-Papayes, un millésime inoubliable.

Yvan MARTIAL